"Les lycéens passent la seconde
Seuls en Alsace, près de 500 lycéens des trois
établissements molshémiens ont défilé hier matin
dans les rues du centre-ville de Molsheim. Comme d'autres en France, ils demandaient
l'annulation de la réforme du lycée présentée
par Xavier Darcos.
« Et on va où maintenant ? » C'est sans doute
la question la plus entendue hier matin dans la cortège des lycéens
de Molsheim. D'abord regroupés devant le lycée Henri-Meck, dès
8h, les premiers manifestants, encadrés par deux membres des MJS (*),
ont vite été rejoints par d'autres lycéens venus de Louis-Marchal,
puis de Camille-Schneider. « Et là, ils ont déjà
eu un peu plus de mal à contenir le groupe », fait remarquer
un professeur, sagement retranché derrière les grilles du lycée.
Au plus fort de la matinée, environ 500 lycéens (1 250 selon
les organisateurs) se sont mobilisés, « alors qu'on en attendait
300 maximum », explique Maxime Munschy, organisateur et secrétaire
du collectif fédéral des MJS, et affilié à l'UNL
(**).
La circulation
momentanément bloquée
Peu importe, vers 10h30, le groupe s'ébranle, direction
« le Camille, le Camille », dans une ambiance frigorifiée,
mais bon enfant. Les manifestants étaient dûment escortés
par les gendarmes de la brigade de Molsheim, qui ont joué à
cette occasion le rôle de cordon de sécurité, visiblement
pas prévu par les jeunes leaders. Aux cris de « Darcos, t'es
foutu, la jeunesse est dans la rue », les lycéens ont vite déboulé
sur la rue de la Gare, bloquant momentanément la circulation, devant
l'oeil placide, et même parfois complice, des automobilistes. Quelques
klaxons de soutien ont même été entendus.
Une fois arrivés au lycée Camille-Schneider, et entrés
en force dans la cour du lycée, les manifestants découvrent
désappointés que de renfort, il n'y aura point. « Ils
sont tous en stage ou déjà à manifester, nos élèves
», commentait un brin moqueuse une CPE. Demi-tour donc, jusqu'au lycée
Louis-Marchal, ou à peu près le même scénario se
reproduit. Re demi-tour, jusqu'à la sous-préfecture, même
s'il n'y a plus de sous-préfet pour l'instant. « C'est pour le
symbole », commentera un gendarme.
Autre symbole, autre rendez-vous manqué : le maire de Molsheim, absent
de sa mairie. Les responsables lycéens ont donc finalement remis leurs
revendications au directeur général des services, Jean-Sébastien
Kouzmin, qui transmettra. Pendant ce temps-là, et contrairement aux
consignes données, le groupe a déserté la place de l'Hôtel-de-Ville,
direction Henri-Meck, pour se dissoudre enfin. Hier soir, les responsables
devaient se réunir, pour éventuellement décider de recommencer
jeudi.
« On veut l'annulation »
Point de banderoles hier matin dans les rangs des manifestants
lycéens. Et comme à chaque fois, beaucoup n'avaient qu'une idée
très floue des revendications portées par leur cortège.
Malgré tout, certains se sont révélés très
remontés contre le projet de réforme du lycée de Xavier
Darcos. « C'est n'importe quoi cette histoire de tronc commun, avec
juste quelques matières pour différencier les branches... Après,
le bac, il ne vaut plus rien. Si tout le monde a le même, il n'y a plus
d'élite », a ainsi expliqué Camille, en terminale S au
Henri-Meck. Le report de la réforme des secondes à la rentrée
2010 (et non 2009, comme annoncée initialement) n'émeut pas
les militants socialistes comme Maxime Munschy, à l'origine de la manifestation.
« Nous, on veut l'annulation. Et il n'y a pas que la réforme
des programmes. Nous sommes aussi contre les 11 200 suppressions de postes
de professeurs. »
J.R.
- Voir aussi les DNA de mardi.
(*) MJS: mouvement des jeunes socialistes.
(**) UNL: union nationale des lycéens.
Édition du Mercredi 17 décembre 2008"